Un docu pro-prostitution dans France 2, mes temoins aiment leur metier. Ne les jugeons nullement

LE PLUS. Quelques mois apres la proposition de loi sur la penalisation de la clienti?le de prostitues, France 2 revient en la matii?re dans un documentaire, “Putain, c’est gui?re simple !”, diffuse jeudi apri?m dans “Infrarouge”. Un film auquel on pourrait reprocher de n’aborder qu’a J’ai marge la face sombre du plus vieux metier de l’univers. La realisatrice Emmanuelle Nobecourt s’explique.

France 2 aborde le sujet d’la prostitution dans “Putain c’est nullement simple”, diffuse mardi 18 novembre. Illustration

Les debats enflammes qui ont accompagne la proposition de loi visant a penaliser les clients des prostitue(e)s l’annee derniere m’ont interpellee : la prostitution, personne n’arrive a l’eradiquer et pourtant, elle derange depuis forcement.

Je trouvais attractif de depasser les debats ainsi que tenter de sonder les questions qu’elle souleve d’un avis humain et philosophique.

En commencant a travailler dans ce thi?me, J’me suis vite rendu compte qu’un amalgame est fait entre le phenomene lui-meme et l’exploitation des personnes prostituees. Le debat public reduit des enjeux. J’ai voulu l’ouvrir.

Or c’est un debat eminemment complique car il pointe a l’intime et au social, au corps et a l’esprit.

J’ai voulu faire parler des concernes

Hors camera, votre policier m’a confie que J’ai proposition de loi de penalisation de la clienti?le allait un compliquer la tache et qu’il etait persuade qu’elle n’avait Afin de unique but que de rendre la prostitution invisible.

J’me suis alors reclame : qu’est-ce donc que l’on ne souhaite pas voir ?

Pourquoi est-ce si tabou, si innommable ? Pour repondre a cette question, j’ai voulu recueillir le temoignage des principaux concernes, ceux et celles bristlr a qui on a peu donne la parole lors des debats de l’automne dernier, a savoir des prostitute(e)s ayant choisi et assument leur metier, ainsi, qui avaient envie de s’exprimer.

Mots crus, images esthetiques

Pour l’image, j’ai bon nombre reflechi. Ce n’est jamais si simple ! Il ne s’agissait gui?re d’un reportage en immersion en milieux de la prostitution, il etait hors de question d’illustrer les propos avec des images “pornographiques”, qui n’ont rien a voir avec la prostitution. Je ne voulais nullement non plus proposer une succession d’interviews.

J’ai choisi d’effectuer appel a la litterature, au cinema, aux fantasmes, a toutes les cliches… On ne va cacher que Notre prostituee a forcement inspire des artistes.

J’ai degote interessant d’explorer bien votre corpus d’images, quitte a me faire accuser d’esthetiser la prostitution, Afin de aussi faire un contrepoids aux propos parfois tres crus de faire mes interlocuteurs.

Un choix avec defaut, mais un metier qu’elles aiment

Gabrielle, l’une des jeunes filles qui temoigne, est enfant une Ddass, envoyee des 16 annees faire la plonge dans les restaurants. Le jour ou elle en est partie pour se retrouver sur le trottoir, celle-ci a eu l’impression de prendre sa life en main, d’effectuer jouer son libre-arbitre.

Hors camera, elle m’a evoque que quand on lui avait gratuit le choix, elle aurait prefere faire des etudes et devenir medecin, mais ce qu’elle a choisi par defaut, elle l’a quand aussi choisi. I  sa place, le metier est bien moins pire qu’un nouvelle.

Comme le disent aussi Morgane ou Bug Powder que j’ai interviewes, ils sont libres car, etant leur propre patron, ils gerent leurs horaires et se sentent indispensables. Laurent de Sutter, le philosophe du film, le dit aussi : elles sont subversives car elles remettent au centre de leur vie la liberte individuelle. Et nous renvoient l’image de notre alienation.

On me dit que le point de vue de mes quatre prostitue(e)s est edulcore mais comment peut-on remettre en cause la sincerite de leur parole ? Aucun d’eux ne triche, pourquoi les juger ?

L’exploitation des jeunes femmes, ce n’etait nullement mon sujet

Que ca choque ou non, il y aura i  chaque fois des dames qui prefereront gagner de quoi vivre en faisant quatre passes par jour plutot que d’etre derriere la voiture d’un supermarche. Ce n’est gui?re une question de morale ou de dignite. C’est une question de panel individuel. Chacun devra evaluer tout seul ce qu’il est capable de supporter ou non.

On m’a reproche de ne point assez parler de l’exploitation au sein d’ mon film, mais ce n’etait pas mon theme.

Je sais clairement qu’une majorite de dames exercent dans reseaux mafieux, mais je ne vois nullement pourquoi on ne souhaite jamais entendre les autres. Il semble que c’est justement parce que ce qu’elles disent nous secoue et nous questionne que le film choque la plupart gens. Mon but est de susciter la reflexion, aucun militer pour une cause ou l’autre.

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